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Thérapie par l'écriture, péripéties et joie de la vie étudiante (ou blog infirmier pour google)

Job étudiant ...

Publié le 3 Novembre 2013 par O. in Vie quotidienne

Ou plutôt truc qu'on n'a pas envie de faire mais qu'on est bien obligé de faire pour pouvoir payer son loyer et accessoirement manger décemment ...

 

Ah les jobs étudiants ... Tellement de chose à dire la dessus. Mais commençons par le début.

D'abord il y a le CV et la sacro-sainte lettre de motivation. Lettre dans laquelle tu dois te vendre +++ en racontant (la plupart du temps et en particulier pour un job étudiant) de gros mensonges pas très jolis jolis ... Parce que OUI c'est mon rêve de fabriquer des sandwiches comme Bob l'éponge.

Moi je suis "hôtesse de caisse", terme pompeux pour dire que tu es caissière (rapport à l'estime de soi je crois, c'est plus jolie de dire "hôtesse de caisse").

[Je précise tout de suite que j'ai une très grande estime pour les "hôtesse de caisse", bien plus patiente et polie que n'importe qui sur cette Terre, que moi en particulier.]

Donc je suis "hôtesse de caisse", je bosse après les cours ... Parce que OUI, Madame, Monsieur, étudiante infirmière ça ne paye pas des masses et on n'a pas tous Maman et/ou Papa derrière nous ... [Rapport au gens qui se plaignent tout le temps, mais qui n'en branle pas une].

Ce boulot, je l'ai trouvé dans les petites annonces étudiantes. Ca aide bien la boite, c'est pas cher pour l'entreprise et faut le dire, on peut à peu près tout demander à un étudiant qui as besoin de tunes.

"Dis-moi O., y a Bidule qui est encore en arrêt ce matin, tu peux venir dans dix minutes ?"

Moi je pense : "Je viens juste de me lever, j'ai la tête dans le cul, je ne suis pas douchée, j'ai pas envie de venir"

Mais je dis : "Oui bien sûr, donne moi juste le temps d'arriver ..."

Bien entendu, je me douche avant (je me brosse les dents sous la douche = gain de temps +++).

 

Dans ce supermarché (dont je tairais le nom parce qu'en fait on s'en fou), il y a souvent des gens de ma promo ou des autres promos de l'IFSI qui y passe et qui me croisent.

Toujours la même rangaine : "Quoi, tu bosses après les cours ?"

Moi : "Oui"

Eux : "T'es trop courageuse, j'aurais pas la force ..."

Moi je pense : "Non je ne suis pas courageuse, j'ai juste pas le choix ..."

Mais je dis : "Ca va, c'est pas trop chiant ..."

En fait SI c'est chiant ... Une heure et demie tous les soirs plus les 8h du Samedi, c'est chiant. Mais ça n'est pas le plus chiant. Les clients chiants (bah oui, il y en a) c'est ça le plus chiant (ça fait beaucoup de chiant tout ça).

[Bouh ! Le vieux jugement de valeur .... Well I don't care ! (comme dans la chanson)]

 

On dit souvent que les Urgences sont le reflet de la société, j'ai envie d'y ajouter : les caisses des supermarché aussi.

J'aime bien observer le monde autour de moi, les gens, etc. (un peu psyché la fille me direz vous, mais je m'en fou). Donc j'observe beaucoup les gens qui passent à ma caisse. C'est fou ce que ça peut être drôle ou pas.

La Solitude est demandée, caisse numéro 8, la Solitude ! Merci !

Il y a la vieille dame ou le vieux mosieur qui te raconte sa vie parce qu'elle/il ne voit que toi de toute sa journée. Alors je me permets de l'écouter, même s'il y a la queue derrière. Je peux toujours utiliser la carte du "je suis étudiante" (la plupart des gens te prennes pour une débile mais prennent leur mal en patience et je peux écouter Monsieur et Madame Seuls au Monde).

Je déteste quand la solitude est devenue leur seule amie. Alors le temps d'un encaissement, je deviens leur amie.

Antidépresseurs est prié de se présenter en caisse 13. Merci !

Il y a les maniaco-dépressifs, qui fouillent et refouillent dans les tréfonds de leur sac à la recherche du trésor perdu qu'est devenue leur carte de fidélité ... Y'en a qui passe des heures à la chercher et tant pis si les gens derrière attendent. Alors moi je les regarde compatissante, me demandant pourquoi ça leur est si important de la trouver cette foutue carte ...

Cirrhose, la petite Cirrhose cherche ses parents à la caisse 5.

Il y a les alcooliques anonymes ... ou pas (anonyme j'entends par là). Ils se pointent dès l'ouverture du magasin et repasse plusieurs fois dans la journée et une dernière fois avant la fermeture. Ils sont gentils, mais bourrés, leur visage rouge et boursoufflé fait état d'une consommation au delà des limites. Alors je me demande qu'a-t-il pu se passer dans leur vie pour sombrer ainsi ... pour vouloir se noyer dans l'alcool et sans doute noyer leur chagrin. Un divorce qui a mal tourné ? Le chomage ? La perte d'un être aimé ? Je ne sais pas, je ne le saurais jamais. Mais cette détresse est touchante et je ne peux rien y faire derrière ma caisse ... à part un sourire et un "bonne journée" (sachant très bien que la journée va être très longue et sans doute pas très bonne pour eux), c'est tout ce que je peux faire.

Mme Classe et Mr Le Tombeur sont demandés caisse 1. Merci !

Il y a les gros lourds ... Une population en constante augmentation dont l'imagination est débordante (ou affligeante, ça dépend du point de vue) ... L'autre jour il y en a un qui me dit "Vous êtes al dente Mademoiselle ..." Je me retiens de rire, car de toute évidence il n'a aucune notion d'italien ou de cuisson de pâte ...  Ils sont lourds, mais ils sont drôle ...

 

Il y en a tellement d'autre ... du plus triste au plus drôle. Il y a ceux qui compatissent à notre douleur en voyant ces gens, que dis-je, ces Empereurs qui vous collent toute la misère du monde sur le dos, ceux qui sont juste heureux de vivre et qui vous font sourire, ceux qui ont des morveux incontrolables mais qui ne disent rien, ceux qui sont amoureux, ceux qui ont toujours un petit mot gentil (estime de soi ++), ceux qui ont toujours un train à prendre (rapport à leur impatience), ceux qui vous méprisent (ils rigoleront moins quand j'aurais planté une IM dans leur postérieur, estime de soi - - -), ceux qui sont au téléphone et ne prennent pas le temps de raccrocher, ceux qui ne disent ni bonjour, ni s'il-vous-plait, ni aurevoir, ceux qui mangent bio, ceux qui ne prennent que les marques les moins chères, et tout les autres ...

 

On croise vraiment toute sorte de gens dans ce boulot. Et malgré mes 9.40€ brut /heure, c'est peut-être cette diversité de personnes que je croise qui me rendent riche et qui fait que je n'ai pas encore démissionnée.

 

 

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