Il y a les soignants et les patients.
Les soignants qui mettent tout en œuvre pour que les patients sortent le plus vite de cet établissement que l’on appelle hôpital.
Les patients, eux, se rétablissent plus ou moins bien, plus ou moins vite. Et les soignants sont la pour les accompagner tout au long de ce chemin fastidieux qu’est la guérison.
Aujourd’hui je discute avec ML. une amie et collègue de promo. Nous sommes Samedi et nous devons réviser pour les partiels, mais on a besoin de parler de cette semaine qui vient de s’écouler, cette dernière semaine de stage avant les vacances.
Le samedi c’est notre moment de décompression, on révise, mais on parle surtout. Tout ce dont on ne veut peut pas parler à nos familles, on en parle ensemble. Ça fait du bien de pouvoir parler des choses qui nous touchent.
Aujourd’hui, donc, nous discutons de nos patients (ceux qu’on prend en charge). Elle me dit « ma patiente se remet de mieux en mieux de son AVC, elle récupère de plus en plus, des petites choses pour l’instant mais ça avance bien. Elle réussit à manger seule malgré son hémiplégie alors qu’on était presque rendu à lui poser une sonde naso-gastrique ! » ML. est heureuse pour sa patiente. Elle est fière.
Je lui raconte à mon tour : « Mon patient, rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale, chirurgie de 6h, séjour en réa, séjour aux soins intensifs, retour dans le service, incapable de se lever, de marcher, pas même capable de soulever ses jambes. Le moral plus bas que les racines des pâquerettes. Le gars était mal barré … Hier, je le vois marcher dans les couloirs avec un déambulateur et le kiné. Je vais ensuite le voir dans sa chambre pour refaire son pansement. Il est radieux. Il illumine ma journée, littéralement. Il me fait part de ses progrès, il a réussi à aller jusqu’à la salle de bain seul, il a fait sa toilette, seul ! »
Comme ML., je suis fière. J’ai assisté à l’évolution de son état. J’ai vu chaque progrès qu’il faisait tous les jours. J'étais là à chaque moment de sa récupération, j'y ai même participé.
Nous, soignants, assistons chaque jour à ces petites victoires sur la maladie. Peu de gens ont cette chance, peu de gens réussissent à s’émerveiller devant cette magie.
J’aime à penser que nous sommes les assistants de cette magie qu’on appellerait la vie.
ML. et moi sommes heureuses de nous raconter ces histoires parce que nous les avons vécues et parce qu’à l’hôpital tout n’est pas triste et froid. Il y a aussi la magie. Nous étions fières. Et aujourd’hui, nous savons exactement pourquoi nous nous sommes lancées dans les études d’infirmière.