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Thérapie par l'écriture, péripéties et joie de la vie étudiante (ou blog infirmier pour google)

Quand la mort se tape l'incruste dans nos services de soins

Publié le 28 Novembre 2013 par O. in Anecdotes

Quand la mort se tape l'incruste dans nos services de soins

 

Le titre original (trop long) étant :

- Toc, toc, toc !

- Qui est là ?

- La grande dame habillée en noire avec une faux de deux mètres de haut.

- Euh, je ne suis ni gothique ni agricultrice, mais merci quand même.

 

 

Je n’avais jamais eu à faire à la mort de quelqu’un. Ni dans un service de soins, ni dans la vie en générale. Je n’avais donc aucune idée de la réaction que j’aurais face à la mort d’un patient. Aucune idée non plus sur la façon de « gérer ».

On n’en parle pas de la mort. Parce que c’est dur, c’est brutal et que personne, à la fin, ne s’en sort. Même en formation, on n’en parle pas. Entre nous, étudiants, on évite de s’étaler sur le sujet. Parce que quoi qu’on en dise la mort c’est TABOU ! Ca annonce la fin d’une vie, ça nous renvois à notre propre date d’expiration (DLC pour les cannibales).

 

Pour la toute première fois, je croise sa route. Un patient est parti faire du poney arc-en-ciel dans les nuages sur Lucy in the Sky With Diamonds (1).

Lorsque je suis partie vendredi soir, il allait bien. J’avais eu une discussion sacrément sérieuse et drôle avec lui [Oui, on peut être sérieux et drôle à la fois !]. Et le lundi suivant, j’apprends que son état c’est sérieusement dégradé. Les soignants savaient … ils savaient que la fin était proche, que la dame en noire n’était pas une représentante en cosmétique gothique [En même temps, j'aurais du me douter de quelque chose].

Bref, le patient est mort, son corps encore chaud repose dans une chambre. Les aides-soignantes s’en occupent avec tout le respect que l’on doit à un être qui s’en est allé. L’infirmière contact la famille, qui est prise de court. Ce n’était pas une mort « attendue ».

[Je n’aime pas ce mot : « attendue » ; même le cas le plus désespéré peut passer à côté de la grande faucheuse en lui faisant un gros f*ck, alors qu’un gosse plein de vie peut finir sous les roues d’une p*tain de voiture avant de rejoindre les bras de la dame en noir].

Je me retrouve devant ce corps sans vie, encore chaud. Je ne ressens rien en particulier. Ni de tristesse, ni un tsunami d’émotions diverses et variées. Rien. C’était comme si rien ne s’était passé. Une vie vient de se finir. Je ne ressens rien en particulier.

Peut-être (sans doute) un mécanisme de défense, ou bien parce que dans mon monde intérieur, je pense que lorsqu’une vie s’achève, une autre se recréée quelque part dans le monde. Un nourrisson pousse ses premiers cris, une mère pleure de joie, la vie est belle.

 

A l’IFSI on ne nous y prépare pas, dans aucune école de santé. Peut-être parce que finalement chacun a sa façon de faire face à cette situation, sans doute parce que l’Homme est mortel et que faire face à sa propre fin est effrayant.

 

Ce fut la première fois que j’eus à faire face à la mort. Sans doute pas la dernière fois. [Ouais je sais, je n’ai pas choisi un métier sans risque].

 

(1) Félicitation à ceux qui auront reconnus la référence ; pour les autres par ici. Un auteur fabuleux que j'admire particulièrement pour ses talents d'écrivain.

 

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"Puisque la mort est inévitable, oublions-là" Stendhal.

 

"La mort baptise aussi." Marguerite Duras.

"L'eau de vie aussi ! Ah bah non en fait ..." O.

 

"La mort est une fin en soi" Philippe Héraclès.

"Ah bon ? On ne me dit jamais rien à moi ..." O.

 

 

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