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Thérapie par l'écriture, péripéties et joie de la vie étudiante (ou blog infirmier pour google)

Habitus

Publié le 17 Novembre 2013 par O. in Vie quotidienne

Après chaque nouvelle journée dans un service, on acquiert de nouvelles habitudes plus ou moins bonnes. Consciemment ou inconsciemment, nous imitons les professionnels que l’on suit toute la journée et nous adoptons leurs habitudes.

 

Une chose m’a frappée [pas littéralement, hein !], mais ça m’a frappée quand même.

 

Dans mon service, il y a beaucoup de vieux. Sourds, moins sourds, conscient et moins conscient. Alors parce qu’ils sont vieux, les gens qui entrent dans leur chambre hurlent pour s’adresser à eux ou bien s’adressent à eux comme on s’adresse à un enfant.

 

Peut-être est-ce parce que je n’ai jamais eus à faire à la sénilité ou à la démence, ou bien parce que je vis encore dans le monde de Oui-Oui, je ne supporte pas l’idée qu’un jour quand je serais vieille on s’adresse à moi comme si je ne comprenais rien, comme si j’étais sourde.

 

Alors quand  j’entre dans leur chambre, je m’adresse à eux comme je m’adresse à n’importe qui. Je ne hurle pas, je ne leur parle pas comme s’ils avaient deux ans d’âge mental.

 

Par exemple, l’autre jour, j’accompagne une collègue pour une prise de sang chez un Monsieur de 70-80 ans [Oui, je sais ; grosse fourchette … Mais je ne suis pas très douée pour estimer l’âge des gens]. Donc nous entrons dans la chambre. Et là, ma collègue parle fort, très fort. Elle lui explique le pourquoi de ce soin, tout ça, tout ça.

Le patient dit : « Mais bon sang ! [oui j’aime bien le jeu de mot] Qu’est-ce que vous faites avec tout ce sang que vous me prenez ? »

Ma collègue très 1er degré lui réexplique une nouvelle fois en parlant fort, à quelques centimètres de ses oreilles.

Moi très 2nd degré je réponds doucement : « C’est pour les cuisines, ils font du boudin pour ce soir. »

Il rit. Je suis de l’autre côté de son lit, il m’a entendu. Et il rit. Ma collègue ne comprend pas.

 

Il n’y a pas vraiment de moral à cette histoire. Ou plutôt si, il y en a une : avant de hurler sur les gens, il est sans doute préférable de s’assurer qu’ils soient réellement sourds …

 

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"Les paroles sages tombent quelquesfois dans l'oreille d'un sourd ; mais un mot gentil n'est jamais perdu." Arthur Helps

 

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